Mercredi dernier, ont eu lieu aux Chères, canton d'Anse, les funérailles d'un des rares survivants des guerres sous le premier Empire, mort à 90 ans. M. Antoine Gourd, ancien officier de cavalerie, officier de la Légion-d'Honneur, représentant du peuple en 1848, et maire de sa commune pendant près de cinquante ans.
La presse doit un souvenir particulier à ces vieux serviteurs de la patrie qui, après avoir versé leur sang pour elle et perdu, comme M. Gourd, un de leurs membres sur les champs de bataille, ont donné, pendant une carrière aussi longue qu'honorée, l'exemple de toutes les vertus privées et civiques.
Les habitants du canton d'Anse ont fait à M. A. Gourd les plus belles funérailles qu'aient pu rêver pour lui sa famille, ses amis et tous les malheureux qu'avaient secouru sa bienfaisance inépuisable. Les dernières prières récitées sur sa tombe, M. le docteur Delore a résumé, avec l'autorité de sa parole, les sentiments que tous les assistants partageaient avec lui. Il nous suffira de citer sa péroraison :
"Antoine Gourd a connu la gloire militaire et celle que donne le libre vote de ses concitoyens. Mais sa gloire, plus précieuse, plus désirable encore, reste assurée dans le souvenir d'une longue vie consacrée toute entière au travail, aux devoirs de la famille, à l'accomplissement religieux des fonctions civiques, et à la charité... Dors en paix, cher concitoyen. Tu as eu ici bas notre estime, les honneurs, la tendre affection de la famille et de tous ceux qui t'ont connu... Dors en paix : tu as amassé suffisamment de mérites pour paraître avec confiance devant Dieu."